ORDRE DE NAISSANCE ET CRÉATIVITÉ CHEZ L'ADOLESCENT
RÉSUMÉ
Depuis plus d’un siècle, les études en psychologie sur l’influence de l’ordre de naissance sont nombreuses. Elles embrassent une dimension philosophique en perpétuant l’éternel débat sur l’inné et l’acquis. Parallèlement, l’intérêt de la société pour la créativité a fait considérablement avancer nos connaissances sur ce sujet. Les dernières études, avec l’approche multivariée, ont mis en lumière que cette dernière relève d’une combinaison de facteurs cognitifs, conatifs, affectifs et environnementaux (Besançon et al, 2011). La notion de potentiel créatif, accompagnée de nouveaux tests, a fait son apparition. Dans ce contexte, nous avons voulu vérifier si l’ordre de naissance peut influencer cette capacité à réaliser des productions originales. Plusieurs recherches, par le passé, ont donné des résultats discordants affirmant tour à tour que les ainés sont plus créatifs ou à l’inverse qu’il s’agit des benjamins. Notre revue de littérature nous a conduit à estimer que plusieurs facteurs comme la taille de la fratrie, la structure familiale, le statut socio-économique des familles, l’âge et le genre, s’ils ne sont pas pris en considération, peuvent conduire à des résultats biaisés. Dans cette étude, nous avons testé l’influence de l’ordre de naissance sur la créativité des adolescents de onze et douze ans, en contrôlant ces différents facteurs. Deux-cent-dix collégiens répartis sur l’ensemble de la région Ile-de-France ont répondu à nos questionnaires et ont passé, à deux reprises, les épreuves de la batterie de test EPoC : « Evaluation du potentiel créatif » (Lubart, Besançon et Barbot, 2011). Nos résultats, en plus d’enrichir la littérature sur l’intensité de cette association, nous permettent de nous interroger sur deux théories de la psychologie du développement : le modèle de confluence (Zajonc & Markus, 1975) et la théorie évolutionniste de Trivers (1985).
INTRODUCTION
Depuis deux décennies, la créativité semble prendre de plus en plus d’importance dans notre société. La communication, les médias ou encore le digital nous abreuvent d’un flux continue d’images sophistiquées et de concepts novateurs. Les entreprises sont désormais à l’affut de profils créatifs qui étaient, il y a encore quelques années, snobés, au profit d’individus plus rigoureux ou plus « intelligents ». Dans ce contexte, des psychologues (Lubart et Al, 2013) se sont aussi penchés sur le sujet. Leur ambition était de comprendre et de mesurer le potentiel créatif comme Binet (1904) ou Wechsler (1939) le firent pour l’intelligence. La créativité serait le fruit de l’association de certains facteurs cognitifs, conatifs, émotionnels et environnementaux (Besançon et al, 2011). Parallèlement, l’ordre de naissance a depuis toujours été perçu comme l’une des principales causes de détermination de la personnalité et de l’intelligence (Sulloway, 1996). D’ailleurs, dans l’inconscient collectif, l’ainé est souvent considéré comme le plus intelligent et le plus travailleur de la famille alors que le benjamin apparait comme plus rebelle, plus artiste. Plusieurs études (Runco et Bahleda, 1987 ; Eisenman,1987) ont été publiées sur l’influence de l’ordre de naissance sur la créativité et semblent confirmer cette croyance. Ces études sont cependant un peu anciennes et il nous semble pertinent de soumettre leur hypothèse à la lumière des nouveaux tests d’évaluation du potentiel créatif. L’objet de cette recherche est de vérifier si l’ordre de naissance a une influence sur le potentiel créatif des adolescents.
1. REVUE DE LITTERATURE
1.1 Le potentiel créatif
1.1.1 La créativité
Aujourd’hui, la créativité est définie comme « la capacité à réaliser une production (une idée, un objet, une composition, etc.) à la fois nouvelle, originale (c’est-à-dire différente de ce qui existe) et adaptée au contexte et aux contraintes de l’environnement dans lequel la production s’exprime » (Besançon et Lubart, 2003). Ainsi, pour être créatif, un concept doit se distinguer de ce qui existe déjà mais également satisfaire aux contraintes du contexte auquel il se destine. Pendant de nombreux siècles, la créativité était considérée, de façon mystique, comme une inspiration divine. A la fin du 19ème siècle, Binet, qui étudie les processus psychologiques à l’origine des conduites individuelles et plus spécifiquement l’intelligence, est le premier à s’intéresser au processus créatif avec une démarche scientifique. Il le considère comme un mélange d’imagination, de raisonnement et de bon sens (Mouchiroud et Lubart, 2006). Il propose d’ailleurs à des enfants âgés de onze ans et plus différents tests de pensée divergente. Son approche est alors déjà très proche de l’approche multivariée qui semble faire consensus de nos jours.
Le concept de haut potentiel créatif apparaît dans les années 1980. Certains chercheurs déclarent que les tests d’intelligence (QI) tel que le WISC et le WIPPSI ne reflètent que partiellement l’intelligence humaine (Gagné, 2004 ; Gardner, 1983 ; Sternberg, 1985). Ils considèrent la créativité comme une dimension de l’intelligence et suggèrent le calcul d’un quotient créatif comme complément du quotient intellectuel (Treffinger, 1980 ; Naglieri et Kaufman 2001). En 1986, Renzulli, qui souhaite définir un haut potentiel global, intègre la créativité dans sa théorie des trois anneaux. C’est également le cas de Sternberg dans sa théorie triarchique de l’intelligence humaine (1985) qui définit l’intelligence créative comme « la capacité à faire face avec succès à des situations nouvelles et inhabituelles en tirant parti de ses connaissances et compétences existantes ».
Il est important de souligner que de Binet à Sternberg, les recherches sur la créativité ont presque toujours été traitées dans le sillage de celles sur l’intelligence et que dans les deux cas, ces processus reposent en partie sur des facteurs cognitifs. Il n’est donc pas toujours facile de les différencier.
1.1.2 L’approche multivariée
En 1995, Sternberg et Lubart proposent une approche de la créativité dite multivariée qui affirme que ce processus repose sur la combinaison de trois facteurs : les facteurs cognitifs, les facteurs conatifs et affectifs, et les facteurs environnementaux. L’observation de ces différentes composantes permettrait de mesurer le potentiel créatif d’un individu. Cette approche s’inscrit dans la continuité des travaux de Binet (1904), Guilford (1950) et Torrance (1976). Elle fait désormais consensus chez la majorité des psychologues.
Les premiers facteurs de la créativité relèvent de la cognition. Engager un processus de générations de productions nouvelles s’appuie toujours, au départ, sur un travail de la pensée. Guilford (1950) a beaucoup théorisé cet aspect de la créativité et en particulier la pensée divergente. Selon lui, plus une personne est capable de générer un grand nombre d’idées, plus il y a de chances que l’une d’entre elles soit originale. Les concepts originaux ont d’ailleurs tendance à apparaître plus tardivement, après une succession de concepts plus conformistes (Mouchiroud et Lubart, 2001). La pensée analogique et métaphorique paraît également essentiel au processus créatif. Pour Mednick (1962), le processus créatif consiste à associer des concepts différents dans le but d’en créer un nouveau. Plus les éléments de départ sont éloignés, plus le résultat de leur association est original. Il faut également souligner l’importance de la flexibilité mentale dans le processus créatif. En effet, les nouvelles idées naissent souvent d’un changement de point de vue. La souplesse de l’esprit permet d’appréhender les problèmes sous des angles nouveaux et d’en trouver des résolutions originales. De plus, une fois que de nouveaux concepts ont été générés, un individu créatif doit être capable de s’autoévaluer pour discerner si ses propositions sont originales et bien adaptées aux différentes contraintes. Enfin, pour être créatif, avoir un minimum de connaissances semble nécessaire (Csikszentmihalyi, 2006 ; Feldhusen, 1995). Les pensées divergentes, métaphoriques, associatives et la flexibilité cognitive doivent évidemment s’appuyer sur la mémoire et ses données pour pouvoir élaborer des productions nouvelles.
Les seconds types de facteurs de la créativité sont conatifs et affectifs. Les facteurs conatifs font références à certains traits de personnalité que l’on retrouve régulièrement chez les individus créatifs ainsi qu’à la motivation. Sternberg et Lubart (1995) en distinguent cinq principaux traits de personnalités : la prise de risques, la persévérance, la tolérance à l’ambiguïté, l’ouverture aux nouvelles expériences et l’individualisme. Plusieurs études ont démontré la corrélation entre la prise de risque et la créativité (Merrifield et al, 1961 ; Pankove et Kogan, 1968). En effet, dans notre société très normée, il est souvent plus facile de se conformer aux idées dominantes. La pression sociale est un frein à la créativité (Van-Hook, Tegano, 2002). Dans ces conditions, proposer une idée originale relève d’une véritable prise de risque. La persévérance est également un trait de personnalité important dans le processus créatif. Les inventeurs sont d’ailleurs souvent loués pour leur entêtement. La persévérance peut être rapprochée de la pensée divergente dans la mesure où, avant de trouver une idée originale, il faut en générer de nombreuses sans se décourager. La tolérance à l’ambiguïté est la capacité à appréhender des situations floues, des problèmes ouverts. Elle s’apparente à la flexibilité mentale. Les problèmes ouverts nous sortent de notre « zone de confort » car ils ne présentent pas de résolution unique ou évidente. Mais d’un point de vue créatif, ce sont des situations qui offrent une variété de possibilités. L’ouverture à de nouvelles expériences renforce la créativité. Les individus qui disposent de ce trait de caractère ont tendance à expérimenter une plus grande variété de situations. Ils accumulent ainsi une grande variété de connaissances qu’ils pourront par exemple associer dans un processus créatif. Pour finir, l’individualisme et la pensée idiosyncrasiques favorisent aussi la créativité. Chaque individu est spécifique et la capacité à mettre en avant cette singularité facilite l’originalité. Le dernier facteur conatif facilitant la créativité est la motivation. Il s’agit de la force qui pousse un individu à s’engager dans une tâche (Besançon et al., 2011). Dans leur approche multivariée, Lubart et Sternberg (1995) classent les traits et les états émotionnels dans le même type de facteurs que les facteurs conatifs. Certains modèles multivariées (Lubart et al., 2019) leur octroient une catégorie propre. Le fait est que certains facteurs affectifs sont déterminants dans le processus créatif. Il a été démontré que certains traits émotionnels comme l’idiosyncrasie émotionnelle, c’est à dire la tendance à vivre des émotions singulières, renforcent positivement la créativité (Averill, 1999). De même, la valence des émotions semblent avoir un impact sur la capacité à générer des concepts originaux. Ainsi, les émotions positives renforceraient le potentiel créatif en désactivant certains mécanismes cognitifs inhibants (Isen et al., 1999).
Pour finir, l’approche multivariée affirme que certains facteurs environnementaux influencent fortement la créativité. Les facteurs principalement cités sont la famille, la scolarité et l’environnement culturel et social. L’environnement familiale pendant l’enfance est très important pour le développement cognitif et affectif. L’étude collaborative de Bradley et al. (1989) a démontré que plus l’environnement familial proposait de stimulation à un enfant, plus ce dernier développait des capacités cognitives. La présence de matériaux culturels dans le foyer, comme des livres ou des revues, semble aussi avoir une incidence positive sur la capacité à générer des productions nouvelles (Simonton, 1997). L’environnement scolaire tient une place privilégiée dans le développement du processus créatif. Les établissements scolaires traditionnels privilégient le mimétisme et le conformisme et ne paraissent pas encourager la créativité alors que les pédagogies progressives type Montessori et Freinet la favorisent (Beaudot, 1980). L’environnement culturel semble agir comme un catalyseur et une source de motivation ; certaines personnalités créatives jouant un rôle de modèle pour les jeunes générations (Simonton, 1997). Enfin, le contexte social intervient également car il définit ce qui doit être considéré comme créatif ou pas (Csikszentmihalyi, 2006).
1.1.3 L’évaluation du potentiel créatif
Cette étude a pour objectif la mesure de la créativité des adolescents. Depuis les années 70, plusieurs outils, scientifiquement reconnus, sont disponibles.
Le premier test de référence a été publié par Torrance (1976). En 1976, s’appuyant sur les travaux de Guilford sur la pensée divergente, il met au point le « Torrance Test of Creative Thinking » (TTCT, 1976). Des épreuves standardisées évaluent la capacité d’un individu à produire de nombreuses idées à partir d’un point de départ simple. Pour chaque épreuve, le temps est limité. Les points de départs sont des situations hypothétiques, des objets ou des stimulus graphiques. Certaines épreuves requièrent une résolution verbale, d’autres graphiques. Les trois principales échelles de mesures quantitatives sont la fluidité (aisance), la flexibilité (souplesse) et l’originalité. La fluidité correspond au nombre de propositions différentes données. La flexibilité se réfère au nombre de différentes catégories que l’ont peut créer à partir de ces idées. Enfin l’originalité mesure la rareté statistique de chaque réponse. Un quatrième indice peut être utilisé en relevant le nombre de détails des productions : l’élaboration. Le TTCT présente une prédictibilité modérée des productions créatives ultérieures des individus testés.
Une toute autre approche de la mesure du potentiel créatif est proposée par Urban et Jellen en 1996. Le « Test of creative thinking – drawing production » (TCT-DP) évalue la pensée intégrative / convergente en demandant aux candidats de réaliser une production graphique originale à partir de six éléments présents sur une feuille. Quatorze échelles permettent de déterminer un score de créativités compris entre 0 et 72. Pour en citer quelques-unes, on retrouve le nombre d’éléments graphiques utilisés, les contacts graphiques entre ces éléments, les connexions thématiques entre les éléments, la présence d’une forme globale ou encore le temps passé. De plus, le TCT-DP évalue certains facteurs cognitifs comme la flexibilité mentale et la pensée associative , conatifs tel que la tolérance à l’ambiguïté et environnementaux comme l’influence culturelle.
Le TTCT et le TCT-DP sont deux tests fonctionnels. Le reproche que nous pouvons leur faire est que l’un mesure la pensée divergente et l’autre la pensée convergente. Or, ces deux dimensions sont toutes deux essentiels au processus créatif. Pour répondre à ce besoin, la batterie de tests « EPoC : Evaluation du Potentiel Créatif » a été élaborée (Lubart, Besançon et Barbot, 2011). Destinée aux enfants et aux adolescents, l’EPoC utilise quatre indices : la pensée divergente graphique (DG), la pensée divergente verbale (DV), la pensée intégrative graphique (IG) et la pensée intégrative verbale (IV). Ces échelles peuvent être regroupées par domaine pour déterminer deux profils créatifs : graphique et verbal. Enfin, un quotient créatif peut être calculé à partir des résultats des quatre indices. Il mesure le niveau d’efficience créative du candidat et peut être comparé à un QI.
De nos jours, le processus créatif semble donc être correctement compris et évalué. Il demeure cependant toujours une incertitude sur son origine. Certains penseurs et certains scientifiques pensent que la créativité pourrait être déterminé par l’ordre de naissance.
1.2 L’ordre de naissance
L’idée que l’ordre de naissance d’un individu au sein d’une fratrie puisse déterminer sa personnalité et son intelligence est presque aussi vieille que la psychologie. Elle s’intègre dans l’éternel débat entre l’inné et l’acquis. Elle fut mise en lumière au début du 20ème siècle par la confrontation entre Freud et Adler qui conduisit au renvoi de ce dernier de la société de psychanalyse de Vienne. Plus récemment, ce débat fut remis sur le devant de la scène par les théories évolutionnistes du sociologue Trivers (1985) et le modèle de confluence (Zajonc, 2001; Zajonc & Markus, 1975). Selon elles, l’ordre de naissance influe directement sur les développements cognitif et conatif des enfants. Par répercutions, Il parait donc raisonnable de penser qu’il puisse peser sur leur potentiel créatif.
1.2.1 L’ordre de naissance et la créativité
L’approche multivariée de la créativité affirme que la capacité à générer des productions nouvelles est favorisée par des facteurs cognitifs, conatifs, affectifs et environnementaux. Pour cette étude, nous avons recherché dans la littérature si l’ordre de naissance pouvait avoir une influence sur ces différents facteurs.
La place d’un enfant au sein de sa fratrie est par définition un facteur environnemental. Comme nous l’avons évoqué en supra, l’environnement familiale est fondamental dans le développement du potentiel créatif (Bradley et al., 1989). Il conditionne la stimulation de certains processus cognitifs. Différentes recherches sur l’ordre de naissance ont montré que l’investissement des parents n’était pas le même avec les premiers nés qu’avec les benjamins. En 1872, Sir Galton déclarait que les aînés développaient de meilleures facultés cognitives car ils recevaient plus d’attention de leurs parents et avaient droit à une meilleure éducation. Le modèle de confluence (Zajonc, 2001; Zajonc & Markus, 1975) nous explique que plus le ratio adultes / enfants est élevé dans un foyer, plus l’environnement intellectuel et culturel est grand. A chaque naissance d’un nouvel enfant, ce contexte se dilue. Selon une autre approche, évolutionniste, les enfants ne se positionnent pas de façon égale au sein de la famille. Leur préoccupation principale est d’attirer l’attention de leurs parents. Dans une famille nombreuse, pour y parvenir, chaque enfant développe une stratégie différente et se positionne dans une « niche » qui déterminera sa personnalité (Trivers, 1985). Ainsi les aînés prendraient automatiquement place dans une « niche » traditionnelle et adopteraient un comportement consciencieux et dominant. Les benjamins quand-à eux se positionneraient plus comme des rebelles (Leman, 2009). Ils seraient plus sociables et originaux. Cela tendrait donc à confirmer l’idée reçu qui affirme que les ainés sont plus intelligents et les benjamins plus créatifs.
D’un point de vue strictement cognitif, il semblerait que certains processus soient plus développés chez certains enfants de la fratrie. Dans leur recherche « Birth-order and divergent thinking » (1987), Runco et Bahleda s’appuient sur un échantillon de 234 enfants et 5 tests de pensée divergente. ils conclut à une relation positive entre l’ordre de naissance et la pensée divergente. Ce sont les enfants uniques qui montrent les meilleurs résultats aux tests. Viennent ensuite les aînés, les benjamins et pour finir les enfants intermédiaires. Si on se réfère aux travaux de Binet, Guilford ou encore Torrance, les premiers nés seraient donc plus créatifs que leurs cadets.
Pour finir, l’ordre de naissance pourrait également influencer la conation, en particulier certains traits de personnalité propres aux profils créatifs. La capacité à prendre des risques seraient ainsi corrélée positivement à la fois avec la créativité et avec le rang de naissance (Eisenman, 1987). Il est également admis que les premiers nés sont surreprésentés dans certains domaines qui requièrent un très haut niveau d’étude (Adams & Phillips, 1972; Leman, 2009, Sulloway, 1997). Or, pour faire de très longues études, il faut faire preuve de beaucoup de persévérance et de motivation. On peut donc penser que l’ordre de naissance et ces traits de personnalités (Adams & Phillips, 1972; Atta et al, 2011; Badger & Reddy, 2009; Sulloway, 1997) sont liés.
Cette multitude d’études et de théories semblent démontrer que l’ordre de naissance impacte le potentiel créatif d’un individu. Le fait d’être né en premier ou en dernier influencerait des facteurs cognitifs, conatifs et environnementaux qui sont des prérequis à la créativité. Cependant, un élément très important pose question : ces différentes recherchent ne sont pas concordantes sur l’ordonnancement du potentiel créatif dans la fratrie. Certains scientifiques affirment que les enfants uniques et les aînés ont le plus grand potentiel (Runco et Bahleda,1987 ; Eisenman, 1987). Certains autres déclarent l’inverse, les benjamins sont plus rebelles et originaux, donc plus créatifs (Lichtenwalner et Maxwell,1969 ; Sulloway, 1997). Cette pluralité de résultats nous impose de relativiser ces résultats et de nous interroger sur les méthodes utilisées.
1.2.2 Considérations méthodologiques
La discordance de toutes ces études sur l’ordre de naissance et la créativité semble s’expliquer par plusieurs biais méthodologiques. Comme nous l’avons vu, les différentes recherches évaluent souvent un seul facteur de la créativité : par exemple la pensée divergente, la prise de risque ou la motivation. Nous savons désormais que le processus créatif requiert, à minima, une phase de pensée divergente suivie d’une phase de pensée convergente (Lubart, 2001). Les différentes recherches qui ne mesurent que l’une ou l’autre, voire même un seul trait de personnalité, ne peuvent pas prétendre mesurer la créativité dans son ensemble.
Un second biais est l’oubli de la prise en compte de nombreuses variables qui ont une forte influence sur le développement de l’enfant : la taille de la fratrie, la situation socio-économique de la famille, la structure familiale, l’âge et le genre (Damian et Roberts, 2015).
La taille de la fratrie peut conduire à un biais statistique. En effet, les aînés et les benjamins sont surreprésentés dans les petites familles. La probabilité de trouver un premier né est de 0.5 dans une famille avec deux enfants et de 0.25 dans une famille qui en a quatre. La taille de la famille influence également la personnalité en installant une compétition dans la fratrie (Dixon, Reyes, Leppert, & Pappas, 2008) et l’environnement comme dans le modèle de confluence (Zajonc, 2001; Zajonc & Markus, 1975).
Il a été également mis en évidence que les enfants uniques et les aînés étaient surreprésentés dans les familles qui ont une situation socio-économique élevée (Ernst & Angst, 1983; Rodgers et al., 2000). De plus, ils évoluent souvent dans un environnement culturel plus riche.
La structure familiale paraît avoir une incidence lorsqu’il s’agit d’évaluer l’influence de l’ordre de naissance. Dans les familles recomposées, les rôles et l’attention portée aux enfants par les différents parents peuvent différer de ceux des familles traditionnelles. Un enfant né des deux parents peut agir comme un aîné alors qu’il cohabite avec d’autres enfants plus âgés issus d’une autre union (Sulloway, 1997).
L’âge doit aussi être pris en considération car l’influence de l’ordre de naissance sur les facteurs conatifs semble baisser après l’enfance (Sulloway, 2010). En effet, si les enfants adoptent certains traits de personnalités pour attirer l’attention de leurs parents, ce comportement perd de son utilité dès qu’ils deviennent autonomes (Harris, 2000, 2006).
Pour finir, la dernière variable qui devrait être prise en compte est le genre. Il semble que les filles et les garçons n’aient pas la même sensibilité à l’influence parentale. En particuliers, les premiers nés garçons qui auraient plus tendance à se positionner dans une « niche » traditionnelle que leurs homologues de sexe féminin (e.g., Sampson & Hancock, 1967).
Une étude moderne sur l’influence de l’ordre de naissance et la créativité doit donc à la fois s’appuyer sur un test qui évalue plusieurs facteurs de la créativité et contrôler les effets de ces cinq variables.
1.3 Problématique et hypothèse
1.3.1 Problématique
L’ordre de naissance influence-t-il la créativité des adolescents ?
1.3.2 Hypothèse
Chez les adolescents, l’ordre de naissance n’a aucune influence sur la créativité.
2. MÉTHODE
2.1 Population
2.1.1 Mode de recrutement et sélection
Un appel à candidature pour notre recherche a été relayé par plusieurs collèges de la région Ile-de-France. Sur notre site internet, nous avons reçu deux-cent-cinquante-trois demandes de participation. Les critères d’exclusion de l’étude étaient les suivants : l’âge (différent de onze et douze ans) ; les enfants uniques ; les jumeaux, les triplés et les quadruplés ; les dossiers de candidature incomplets.
2.1.2 Caractéristiques de l’échantillon
Au total, deux-cent-dix collégiens ont été sélectionnés pour participer à cette étude. Ils sont âgés de onze ou douze ans. Cent-quatre candidats sont des garçons soit 49.5% de l’échantillon. La répartition géographique des candidats est homogène sur la région Ile-de-France. Enfin, soixante-quatre participants sont des aînés (30.5%), soixante-deux des benjamins (29,5%) et quatre-vingt-quatre des « enfants du milieu » (40%).
2.2 Matériel et mesures
2.2.1 Matériel
Pour les besoins de l’étude nous avons créé un formulaire que nous avons appelé « Questionnaire famille ». Il s’inspire de celui utilisé par Damian & Roberts (2015). Ce formulaire a pour objectif de récupérer le rang de naissance des candidats ainsi que quatre variables de contrôle : l’âge, le genre, la taille de la fratrie et la structure familiale.
Pour mesurer le statut socio-économique du foyer, nous avons créé un formulaire « SES » composé de neuf questions simples. Ce formulaire s’appuie sur les recommandations de l’association américaine de psychologie (2015) et évalue le niveau d’éducation, les biens et l’emploi au sein du foyer.
Pour mesurer le potentiel créatif des adolescents, nous avons utilisé le test « EPoC : Evaluation du Potentiel Créatif » (Lubart, Besançon et Barbot, 2011).
2.2.2 Mesures
2.2.2.1 Évaluation de l’ordre de naissance de l’échantillon
Les participants doivent répondre à ces quatre questions : « Combien de frères, demi-frères ou frères adoptifs sont plus âgés que vous ? », « Combien de sœurs, demi-soeurs ou soeurs adoptives sont plus âgés que vous ? », « Combien de frères, demi-frères ou frères adoptifs sont moins âgés que vous ? », « Combien de sœurs, demi-sœurs ou sœurs adoptives sont moins âgées que vous ? ». Les candidats qui n’ont ni frères ni sœurs plus âgés sont des « Aînés ». Ceux qui ont à la fois des frères et des sœurs plus âgés et des frères et des sœurs moins âgés sont des « Enfants du milieu ». Enfin les adolescents qui ont des frères et des sœurs plus âgés mais aucun frère et soeur moins âgés sont des « Benjamins ».
2.2.2.2 Évaluation de la taille de la fratrie
Les candidats doivent répondre à la question suivante : « Au total, de combien d’enfants est composée votre famille (En incluant vos frères, sœurs, demi-frères, demi-sœurs, frères adoptifs et sœurs adoptives) ? Des réponses de 1 à 12 sont proposées. La dernière réponse correspondant à 12 et plus.
2.2.2.3 Évaluation de la structure familiale
Les candidats doivent répondre à la question : « Avec qui vivez-vous, c’est-à-dire qui sont les responsables de votre foyer ? ». Les réponses proposées sont les suivantes : « mère et père », « mère seule », « père seule », « parfois ma mère parfois mon père », « mère et beau-père », « père et belle-mère », « grands-parents, tante, oncle ou cousins », « sœur ou frère », « parents adoptifs », « quelqu’un d’autre ».
Pour utiliser ces données, nous les avons regroupées en cinq structures familiales: Deux parents, Parent et beau-parent, Parent unique, Membres de la famille, Famille d’accueil.
2.2.2.4 Évaluation de la situation socio-économique familiale
Les candidats doivent répondre aux douze questions du formulaire « SES » : « 1. Combien de responsables de votre famille travaillent ?», « 2. Dans quels secteurs travaillent les responsables de votre famille ?» (Entourer une réponse par responsable), « 3. Combien de responsables de votre famille travaillent à leur compte ? », « 4. Habitez-vous dans une maison ou un appartement ? », « 5. Avez-vous votre propre chambre ? », « 6. Combien de fois par an partez-vous en vacances ? », « 7. Combien d’écrans y a-t-il dans votre domicile ? (Téléphones et tablettes inclus) ; « 8. Combien de livres y a-t-il dans votre domicile ? », « 9. Quel est le diplôme le plus élevé obtenu par les responsables de votre famille ? » (Entourer une réponse par responsable). Les réponses des questions 1, 3, 4, sont proposées sur une échelle de 3 indices, celle de la question 5 sur une échelle de 2 indices, et les autres sur une échelle de 6 indices. L’indice « taille de la fratrie » récupéré dans le « questionnaire famille » est également ajouté aux données. Une fois les données brutes retravaillées, trois indicateurs socio-économiques sont utilisés : « Classe pauvre », « Classe moyenne » et « Classe aisée ».
2.2.2.5 Évaluation de l’âge
Les candidats doivent indiquer leur âge au début du « Questionnaire famille » : « 11 » ou « 12 ».
2.2.2.6 Évaluation du genre
Les candidats doivent indiquer leur genre au début du « Questionnaire famille » : « Homme » ou « Femme ».
2.2.2.7 Évaluation de la créativité
Les candidats sont reçus individuellement à deux reprises par des psychologues, à quinze jours d’intervalle, pour passer le test EPoC (Lubart, Besançon et Barbot, 2011). La durée de passation du test est de trente à quarante-cinq minutes. Après un exercice d’échauffement, les participants doivent passer quatre épreuves : une de pensée divergente verbale (produire un maximum d’histoires), une de pensée divergente graphique (produire un maximum de dessins), une de pensée intégrative verbale (combiner des personnages) et une de pensée intégrative graphique (combiner des éléments graphiques). Pour chaque épreuve, une production unique est demandée aux l’adolescents. Les psychologues les évaluent sur une échelle de Likert de sept items qui va de 1 (pas du tout créatif) à 7 (tout à fait créatif). Ces notes brutes sont ensuite étalonnées et converties en notes standards par comparaison avec les notes du groupe de référence. Pour notre étude qui vise à évaluer le potentiel créatif global des adolescents, les quatre indices d’efficience aux épreuves sont utilisés pour générer un quotient créatif avec une moyenne de 100 et un écart type de 15 comparable au quotient intellectuel (QI).
2.3 Procédure
Pendant six mois, chaque samedi, l’équipe de recherche composée de trois psychologues a reçu vingt participants. Dans un premier temps, tous les candidats à l’étude étaient rassemblés dans une salle de classe pour compléter les formulaires. Trente minutes leur étaient imparties pour répondre aux questions du « questionnaire famille » et du formulaire « SES », sans contrainte d’ordre. Les adolescents étaient ensuite reçus individuellement pendant une heure pour passer le test « EPoC : Evaluation du potentiel créatif » (Lubart, Besançon et Barbot, 2011). Ce même groupe de vingt participants était convoqué de nouveau quinze jours plus tard pour repasser une seconde forme du test.
2.4 Plan d’expérience
2.4.1 Variable indépendante
· Ordre de naissance, variable qualitative à trois modalités : « Aîné » , « Enfant du milieu », « Benjamin ».
2.4.2 Variable dépendante
· Quotient créatif, variable quantitative continue.
2.4.3 Variables de contrôle
· La taille de la fratrie, variable quantitative continue de 1 à 12.
· Structure de la famille, variable qualitative à 5 modalités : « Deux parents », « Parent et beau-parent », « Parent unique », « Membres de la famille », « Famille d’accueil ».
· Position socio-économique familiale, variable qualitative à 3 modalités : « Classe pauvre », « Classe moyenne », « Classe aisée ».
· Âge, variable quantitative discrète à 2 modalités : 11, 12.
· Genre, variable qualitative à 2 modalités : « Femme », « Homme ».
2.5 Analyse des données
A l’aide de statistiques, nous exécutons une corrélation partielle basée sur le r de Pearson entre l’ordre de naissance (« Aîné », « Enfant du milieu » et « Benjamin ») et la créativité (Quotient créatif) en contrôlant l’âge, le sexe, la taille de la fratrie, la structure de la famille et le statut socio-économique de la famille.
3. RÉSULTATS ATTENDUS
La corrélation partielle entre l’ordre de naissance et la créativité doit nous permettre de déterminer si la place dans la fratrie influence le potentiel créatif des adolescents. Comme attendu dans notre hypothèse, ces résultats peuvent également nous révéler qu’il n’y a aucune corrélation entre ces deux variables ou qu’elle est très peu significative.
Si la corrélation est positive et significative, elle doit alors déterminer quelle place dans la fratrie favorise le plus la créativité c’est à dire si les Aînés, les Enfants du milieu ou les Benjamins sont le plus créatifs.
Enfin, cette étude peut nous permettre de mesurer l’influence du genre, de l’âge, de la taille de la fratrie, de la structure familiale et du statut socio-économique sur la créativité. Si aucun lien n’est démontré entre l’ordre de naissance et la créativité, il est fort probable qu’une ou plusieurs de ses variables expliquent les résultats des études antérieures. Il sera intéressant de découvrir laquelle de ces variables influence le plus le potentiel créatif.
4. DISCUSSION PROJETÉE
Notre recherche propose de déterminer l’intensité de la relation entre l’ordre de naissance et la créativité chez les adolescents. Plusieurs études (Runco et Bahleda,1987 ) ont été menées sur cette problématique. Elles démontrent en grande majorité un lien entre la place dans la fratrie et plusieurs facteurs de la créativité mais elles sont discordantes sur les effets. Une partie de ces recherches affirment que l’aîné de la famille a plus prédispositions pour la créativité (Runco et Bahleda,1987 ; Eisenman, 1987) et une autre qu’il s’agit du benjamin (Lichtenwalner et Maxwell,1969 ; Sulloway, 1997). Chacune de ces tendances s’appuie sur une doctrine : le modèle de confluence (Zajonc & Markus, 1975) pour la première et l’approche évolutionniste (Trivers, 1985) pour la seconde.
Notre travail souhaite enrichir la littérature existante en intégrant un test de créativité récent. Il va plus loin que les recherches antérieures en intégrant de nombreuses variables de contrôle qui ont toutes un impact sur les facteurs de la créativité. En plus de nous donner une réponse précise sur l’association ordre de naissance créativité, cette étude nous permet de nous interroger sur les deux théories précédemment citées.
Les recherches s’appuyant sur le modèle de confluence ont démontré que les premiers nés faisaient preuve d’une plus grande persévérance, d’un meilleur esprit divergent et prenaient plus de risque. Ces derniers auraient été élevés dans un environnement culturel moins dilué avec beaucoup plus de stimulation de leurs parents. Cet environnement est donc très dépendant de la taille de la fratrie, de la structure familiale et du statut socio-économique de la famille. Notre étude nous permet d’observer l’effet de ces variables sur le modèle de confluence et de se demander si l’influence de l’ordre de naissance observé dans les études précédente n’est pas un leurre et ne repose pas essentiellement sur ces facteurs environnementaux. Pour aller plus loin, il serait intéressant dans une prochaine étude d’intégrer des fratries avec de grandes différences d’âges où les aînés ont déjà quitté le foyer. Les benjamins se retrouvant seuls à la maison avec les parents, dans un environnement non dilué.
Les recherches inspirées des travaux de Trivers (2015) tendent à confirmer la croyance populaire qui affirme que les derniers nés sont des rebelles créatifs. Dans le but d’attirer l’attention de leurs parents, ils se positionnent dans une niche moins conformiste que leurs aiîés. Ce processus est très dépendant de la taille de la fratrie, de la structure familiale et du genre. Les résultats de nos travaux peuvent également ici démontrer que ce n’est pas l’ordre de naissance qui influence la créativité mais une de ces variables.
Pour finir, l’une des limites de cette étude réside dans le fait qu’elle ne mesure que l’efficience de la créativité. Il nous était important de mesurer l’intensité de l’influence du rang de naissance sur la créativité. Le meilleur moyen pour y parvenir était de comparer les quotients créatifs. Il serait cependant intéressant d’étudier si l’ordre de naissance favorise certains profils créatifs. En partant de l’approche évolutionniste, nous pouvons en effet supposer que les benjamins, plus sociables et moins fort en pensée divergente, ont un profil « intégratif verbal ». Dans cette perspective, une prochaine étude pourrait s’appuyer sur le « Creative profiler test » (Lubert, Zenasni et Barbot, 2013).
CONCLUSION
Sur un échantillon significatif de deux-cent-dix adolescents, nous avons mesuré l’influence de l’ordre de naissance sur la créativité en contrôlant la taille de la fratrie, la structure familiale, le statut socio-économique des familles, l’âge et le genre. Nous sommes convaincus que ces résultats viennent enrichir une littérature plus que centenaire.
Cette étude nous force également à nous interroger sur le concept d’ordre de naissance. Il semble en effet que l’influence de ce dernier ne peut pas être appréhendée d’un point de vue biologique. Il serait plus juste de parler d’un ordre de naissance psychologique et sociologique.
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